De J308 à J309 : Phonsavan et la plaine des Jarres (16 et 17 septembre 2012)

Notre minivan

Dimanche matin, après un dernier petit tour dans Luang Prabang, je file prendre mon bus pour Phonsavan, ville d’entrée vers la plaine des Jarres. Première bonne surprise pour moi, le « minivan » s’apparente en fait plus à une voiture particulière, avec de vrais sièges… Voilà qui devrait rendre cette route réputée difficile plus agréable.

Deuxième bonne surprise pour moi qui n’avais jusque là rencontré que des garçons voyageant seuls, sur dix passagers nous sommes quatre filles à voyager en solo ! Il y a Mireia (Espagne), Tom (Israël) et Mei (Hong Kong). A nous quatre s’ajoute un couple de Français, Sophie et Bernard. Nous sympathisons tous ensemble au fur et à mesure du trajet et des diverses pauses.

La route est effectivement bien sinueuse… Imaginez 250 kms de route de montagne, comme pour monter dans les stations de ski depuis la vallée, et vous aurez une idée de notre trajet. Je ne peux rien faire si ce n’est regarder le (très beau) paysage, cela tournicote trop pour que je parvienne à lire ou à faire du blog. Nous mettrons finalement 6H30 pour arriver à destination, sans être trop malades grâce à notre chauffeur qui conduit tout en douceur. Je suis bien contente d’avoir choisi de prendre le minivan plutôt que le bus local, un peu moins cher mais bien plus long… et avec moins de pauses.

A notre arrivée à Phonsavan, des rabatteurs nous attendent pour nous emmener vers leurs hôtels respectifs. Nous avions repéré la Nice Guesthouse dans notre guide, un rabatteur est justement là, alors on le suit… et c’est la déception, les tarifs sont plus élevés qu’annoncé, rien n’est négociable, et le réceptionniste est franchement désagréable. Tom, Sophie et Bernard y restent tout de même, et moi je pars en quête d’un autre endroit avec Mireia et Mei. Nous trouvons finalement une chambre triple à 50m de là, pour le prix d’une double à la Nice Guesthouse. Good Job ! Nous continuons sur notre lancée en réservant une excursion pour le lendemain, direction la fameuse plaine des Jarres. C’est bien d’être six, on a du poids pour négocier… L’une de mes craintes était de me retrouver toute seule ici, avec l’obligation de faire privatiser un tour (bien plus cher du coup).

Nous nous posons ensuite pour dîner au Bamboozle, un resto bar comme on n’espérait pas en trouver un ici… La nourriture, la déco et la musique sont bonnes, le patron est un Ecossais jovial, que demander de plus ?

Une joyeuse tablée

Après dîner nous passons à l’agence de voyage pour regarder un film sur la plaine des Jarres, en prévision de notre visite du lendemain. Nous n’apprenons pas grand-chose sur les jarres en tant que telles, en revanche nous découvrons que cette partie du Laos a été le siège d’une immense base de la CIA lors de la guerre du Vietnam, avec de lourds combats classés secret-défense. Cette région a été l’une des plus bombardées par l’aviation américaine, avec une moyenne d’une bombe toutes les huit minutes durant neuf ans… Conséquence de tout cela, le sol de la région est toujours truffé d’engins explosifs, et chaque année des hommes et des animaux en font les frais… Voilà encore une page d’histoire sur laquelle aucun de nous n’avait vraiment été informé.

Une fois le film terminé, tout le monde rentre dans son hôtel… Il n’y a pas grand-chose à faire à Phonsavan ! De retour à la chambre, nous découvrons avec horreur qu’une énorme tarentule sauteuse a élu domicile dans notre salle de bains. Je cours chercher le réceptionniste, qui se charge de la tuer… Brrr, autant vous dire qu’on inspecte la chambre après ça !

Le lendemain, c’est le jour J… Direction la plaine des Jarres ! Nous sommes finalement huit, un couple d’Australiens (que j’avais rencontré quelques jours plus tôt à Luang Prabang) nous ayant rejoints.

La plaine des Jarres faisait partie des quelques lieux mythiques que je voulais absolument voir au Laos. Lorsque j’avais vu à quel point c’était excentré sur la carte j’avais bien failli renoncer, et puis je m’étais suis dit que je regretterais sûrement… bref, j’attendais beaucoup de cette journée de visite et je n’ai pas été déçue. Le premier contact visuel avec ces jarres est indescriptible, c’est en peu comme voir son premier Moai sur l’île de Pâques…

Bien des mystères entourent ces jarres, qui parsèment la région par centaines voire par milliers si on compte celles qui sont encore sous terre. Comment ont-elles été réalisées, par qui, pour quoi, on ne le sait pas vraiment… Elles ont à priori été taillées dans la roche du coin, et on aurait retrouvé une carrière avec des jarres inachevées. On pense qu’elles servaient en fait d’urnes funéraires, mais aucune jarre n’a été retrouvée fermée avec son contenu, donc cela reste une hypothèse. Les corps auraient été brûlés dans une grotte proche du premier site, avant que les cendres ne soient placées dans les urnes.

La grotte aux crémations ( ?) avec une magnifique lumière naturelle dans laquelle je joue la star !

Lors de cette journée nous visitons les trois principaux sites où se trouvent les jarres. Ce sont ceux qui possèdent le plus de jarres exhumées… et aussi les seuls à avoir été déminés. Le site 1 est le plus grand et le plus impressionnant avec ses 250 jarres. On y trouve d’ailleurs la plus grosse jarre du Laos, qui mesure plus de 2 mètres d’envergure et dont le poids atteint 6 tonnes ! On y voit également plusieurs cratères de bombes… la montagne par ici est trouée comme un gruyère. L’ambiance dans le groupe est bonne, et nous faisons pas mal de photos !

La plus grosse jarre

Cratère de bombe

Une unique jarre possède une gravure de forme humaine

Les sites 2 et 3 sont plus petits, possédant respectivement 90 et 150 jarres. Ils sont toutefois assez sympas car bien plus arborés que le premier, certaines jarres sont moussues… et il y a moins de monde, de nombreuses personnes se contentant de visiter le site 1 pour aller ensuite barboter dans les sources chaudes du coin. Ces deux derniers sites sont séparés par environ deux kilomètres que nous effectuons à pied à travers champs, rizières et… pinèdes, si, si ! Autant les sites en eux-mêmes ont été déminés, autant là notre guide nous dit de rester strictement sur le chemin. Seuls 4 mètres de largeur ont été déminés. Il nous interdit littéralement toute pause pipi dans les buissons ! La vue sur les montagnes et les vallées environnantes, verdoyantes, est superbe.

Site 2

Horrible cabane servant de piège à hirondelles, qui se mangent ici… « Au Laos, tout ce qui bouge se mange ! »

On reste bien entre les bornes…!

Site 3

Outre les jarres, nous visitons également un centre d’exposition des divers engins explosifs. En dépit des risques de nombreux Laotiens continuent de récupérer les engins explosifs, afin de vendre le métal et la poudre au Vietnam. Le métal est utilisé en construction et se vend 4 000 kips/kg (40cts), quant à la poudre les Vietnamiens s’en servent pour la pêche à l’explosif… Elle se vend 35000 kips/kg (3,5 euros).

Nous visitons également brièvement un village où ils fabriquent le lao-lao, l’alcool de riz dont j’ai parlé il y a quelques jours. Les explications sont plus claires qu’à Luang Prabang, par contre le responsable n’est pas là et on ne peut pas déguster. Imaginez ma déception ! ^^

Sur le chemin du retour il se met à tomber des cordes. En quelques minutes la route de terre battue devient un véritable bourbier. Nous renonçons donc à la visite du village où ils fabriquent des objets à partir du métal des bombes, inaccessible, et à la place on pousse la voiture, mais elle patine et s’embourbe. Quelle aventure, je vous jure ! Cela me rappelle lorsque nous avions loué la voiture à Salta… La voiture finit par repartir est nous terminons la journée par un arrêt devant un vieux tank… russe, ou plutôt ce qu’il en reste !

Le tank russe

Je suis bien crevée après cette longue journée, mais je suis super emballée… La plaine des Jarres valait bien ce gros détour !

Le soir, nous dînons indien chez Nisha, censé être le meilleur resto de Phonsavan… Mouais, c’est assez décevant au final. On se console en allant boire un verre au Bamboozle, devenu en 24H à peine notre véritable QG. Nous y retournerons d’ailleurs le lendemain matin, pour un petit-déjeuner rapide avant de partir prendre notre minivan pour Vang Vieng… cela fera l’objet du prochain article !

NB pour les futurs voyageurs : Prix de l’excursion à la plaine des jarres : 90 000 kips/personne + 10 000 kips d’entrée sur chaque site + 10 000 kips de soupe de nouilles le midi = 130 000 kips, soit 13 euros (groupe de 8)

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9 réflexions sur “De J308 à J309 : Phonsavan et la plaine des Jarres (16 et 17 septembre 2012)

  1. Benoit dit :

    Je crois que la plaine des jarre, est le premier endroit ou je me suis dit « zut je suis rentré trop tot! »
    ça avait l’air vraiment sympa, un peu inquiétant pour les mines et surtout très mystérieux.
    Une histoire à creuser (oh oh oh).

  2. Oh oh oh !
    Oui c’était top, et je n’ai pas regretté de m’être tapé tout ce chemin pour y arriver… C’est l’un de mes coups de coeur laotiens.

  3. Martin dit :

    Là, les photos sont justes SUPERBES!! Impressionnant!!

    Par contre je suis abasourdit par le peu de connaissances qu’ont beaucoup de gens en histoire… La guerre indochinoise, celle du Viêt Nam, la guerre civile en Vendée en 1793-1799 (ça c’est pour avoir enmené Sophie au Puy du Fou) et tant d’autres évènements tellement importants que leurs conséquences se ressentent encore aujourd’hui sont véritablement ignorés par une grande majorité. Comme je m’y suis toujours intéressé j’ai vraiment du mal à concevoir qu’on puisse tant ignorer de l’Histoire… M’étonne pas que le monde actuel parte en vrille. « Nul ne peut savoir où il va s’il ne sait d’où il vient » Je-ne-sais-plus-qui.

    • Bon ben, ça c’est fait, merci Martin… 😀
      Chacun a des centres d’intérêt différents, et aussi sans doute des opportunités différentes… Et je suis impressionnée que tu aies été au courant du « second théâtre » que constituait le nord du Laos, de la base secrète de la CIA qui y était implantée, et du fait qu’on ait découvert récemment d’anciens combattants cachés dans la montagne, ignorant que la guerre était finie depuis un bail. Chapeau ! Pour ma part je l’ignorais, et j’ai été intéressée de l’apprendre à l’occasion de ce voyage… Vivement que j’aille au Puy du Fou, donc ?
      A.

      • Martin dit :

        En fait … oui, j’étais au courant. Bon, la base « secrète » (pas tellement en fait) du nord Laos et les combattants des cavernes, c’est du pinaillage d’un mec qui adore son sujet, (et qui l’a appris il y a seulement 2 ans en lisant un bouquin offert par ses beaux parents à Noël) alors je ne dis rien. J’attrapais seulement la perche tendue pour rebondir sur une découverte que j’ai faite ces derniers mois du fait que bien peu de gens connaissent leur Histoire (aucun de mes amis ne connaissait l’existence de l’esclavagisme berbère des européens jusqu’au XIX ème siècle par exemple, ce qui a provoqué l’invasion de l’Algérie par la France). Ma violente réaction n’était pas dirigée contre toi ni sur ce thème en particulier mais sur une situation générale…

        Merci de m’avoir gentiment remis à ma place, ça fait du bien à la circulation de mes chevilles 😉 Tu as eu bien raison!! Et c’était mérité… Mea culpa.

        Pour le Puy du Fou : oublie les leçons d’Histoire, vas-y seulement pour l’incroyable spectacle qui t’y est proposé!!! C’est absolument fabuleux!!!

  4. Pas de problème 🙂
    Je dois dire que ça fait plusieurs années que j’ai envie d’aller au Puy du Fou… Mais je crois que le spectacle n’a lieu que durant les vacances scolaires d’été. A organiser, donc !
    Bises.
    A.

  5. Cyril Faguer dit :

    Merci pour ces Infos précieuses et votre humour. Dommage pour la mygale qui ne méritait pas la mort. Moi j’y vais demain à Phonsavan. Seulement trois nuits alors j’espère qu’il ne va pas pleuvoir.

  6. […] qui conduit… ouf !  Benoît et moi passons ensuite la soirée au Fostin’s avec Sophie, que j’avais rencontrée en 2012 au Laos. C’est sympa lorsque les chemins se recroisent […]

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