En manque de vadrouille début janvier, j’avais réservé une nuit à l’Entre-Deux pour la fin du mois, afin de découvrir cette partie de la Réunion que je ne connaissais pas et de partir à l’assaut de l’une des grosses randos de l’île, j’ai nommé le Dimitile.
Malgré cet alléchant programme, le week-end commence dans la douleur… La motivation me fait défaut le samedi matin, je traîne à l’appart en me disant qu’après tout c’est le week-end… et lorsque j’arrive enfin à la gare routière, c’est pour me retrouver devant un bus déjà complet. Le suivant est 1H15 plus tard, joie bonheur ! J’en profite pour pique-niquer face à l’océan et pour faire quelques emplettes au marché en prévision de ma rando du lendemain, ce sera toujours ça de fait… Le trajet est ensuite marqué par un problème de billet au moment d’une correspondance – qui finit par s’arranger – et pour parachever le tout, lorsque j’arrive à l’Entre-Deux mes hôtes AirBNB ne sont ni présents ni joignables. Il y a des jours comme ça… Enfin, j’en profite pour faire un saut à l’office du tourisme, et puis je me dirige à pied vers le logement où je suis censée dormir. En chemin j’ai un premier aperçu du village et de la nature qui l’entoure, je sens que je vais me plaire ici. J’ai à peine le temps de m’inquiéter devant une maison visiblement vide qu’une voiture s’engouffre dans l’impasse, ouf, ce sont eux !
A partir de ce moment-là c’en est fini des galères… Je suis reçue comme une reine par Huguette et Iréné, les adorables propriétaires de la maison. Ils ont construit cette maison de leurs mains et pourraient quasiment y vivre en autonomie entre le potager, les arbres fruitiers et les poules et cailles. Je dépose rapidement mes affaires dans la chambre préparée à mon intention et je file tout de suite me balader avant la nuit. A l’office du tourisme on m’a parlé du sentier de Coteau Sec, qui grimpe dans la forêt jusqu’à surplomber le village. La balade est effectivement très agréable, d’autant plus qu’entre l’heure et l’altitude il ne fait pas trop chaud. Superbes fleurs, arbres croulant sous les fruits, la nature est luxuriante par ici !
Le sentier redescend ensuite jusqu’au village, pour lequel j’ai un coup de cœur immédiat. C’est tout tranquille, les cases sont toutes plus colorées les unes que les autres, et la piscine municipale à 1,50 euros l’entrée me rappelle celle d’un petit village de l’arrière-pays niçois où nous avons nos habitudes… Je tombe aussi sur le Comptoir des Arts, un espace qui semble bien sympa entre ciné en plein air, resto et manifestations diverses. Ce soir c’est fermé, mais cela me donne envie de revenir…
Je remonte à pied jusqu’à ma maison du jour, et une douche plus tard je retrouve mes deux hôtes pour le dîner. Huguette a concocté exprès pour moi un repas végétarien que je ne suis pas prêt d’oublier. Bonbons piment, samoussas au fromage, salade d’œufs fromage et crudités, gratin de papaye verte, tarte de brèdes, gratin pomme/coco et tarte à la banane, le tout 100% maison, je me régale et je me sens comme à la maison. Ils me parlent de leurs enfants, de leur passion pour la rando… Lorsque nous parlons du Dimitile, auquel je veux m’atteler demain, Iréné me recommande de partir tôt. Je pense 9H, je dis 8H et là il me regarde avec un air circonspect… « Le mieux, ça serait 5 heures ». Gloups. Nous tombons d’accord sur un compromis : petit-déj à 5H30 et rando à 6H. C’est que ça ne rigole pas ! 😉
Le dimanche matin, après un petit-déjeuner tous les trois – et tout plein de provisions glissées dans mon sac par Huguette ! – ils me déposent au début du sentier de la Grande Jument, qui est l’un des points d’accès pour le Dimitile. Cette fois j’y suis… J’appréhende un peu la montée, ce sentier est réputé difficile mais celui de la Chapelle, plus facile, est beaucoup plus loin du centre et je ne me voyais pas demander à Huguette & Iréné de m’y déposer. On verra bien… Je monte doucement, Iréné a eu raison de me dire de partir tôt, il ne fait pas encore trop chaud. Le sentier alterne entre portions découvertes et rapidement chauffées par le soleil, et portions couvertes en pleine forêt où je dois parfois retirer mes lunettes de soleil tant la végétation est dense. Je pensais arriver sur un chemin fréquenté, en fait je ne croise pas âme qui vive durant les deux premières heures… J’en viens à douter de mon chemin, mais un couple qui redescend me confirme que je suis bien sur le bon sentier. Plusieurs points de vue sur la côte sud/ouest de la Réunion et sur l’océan agrémentent la montée.
Trois heures et demie de montée plus tard, j’arrive au sommet, victoire ! Me voilà à 1820m d’altitude, sur l’un des points culminants de l’île. Je sympathise avec un monsieur qui me fait un petit topo sur les plus belles randos à faire dans le coin – j’apprends au passage via un ami venu le saluer pendant que nous discutions qu’il est un habitué du Grand Raid, #respectabsolu… – et puis je continue jusqu’à la récompense ultime : le point de vue sur le cirque de Cilaos ! La vue est magnifique, cela valait la peine de monter jusque-là. C’est encore dégagé mais les nuages commencent à arriver, encore une autre bonne raison pour partir tôt de l’Entre-Deux 😉
Je passe ensuite un bon moment à me balader sur le Dimitile. Je visite notamment un camp marron reconstitué. Les marrons étaient des esclaves en fuite, qui se réfugiaient en hauteur dans les cirques pour échapper aux recherches et à leurs maîtres. L’un des plus célèbres est Dimitile (« le guetteur » en malgache »), qui était à la tête de 24 marrons, et qui a donné son nom au sommet où je suis aujourd’hui.
Je reprends ensuite le sentier en sens inverse, jusqu’à un Y où je quitte la Grande Jument pour bifurquer sur le sentier du Zèbre, censé me ramener dans le centre-ville. Pourquoi ces noms, c’est un mystère ! Le brouillard est tombé et il s’est mis à pleuvoir, ce qui rend le sentier glissant. Cela n’empêche pas certains de descendre en courant… il y a les vrais sportifs et les autres 😉 Moi je fais surtout attention à où je mets les pieds…
Je dois me tromper quelque part sur la fin, puisque je me retrouve soudain sur une route goudronnée au beau milieu des champs de canne à sucre et des fermes, visiblement loin du centre. Hum hum… je commence à descendre à pied lorsque qu’un énorme berger allemand se met à m’aboyer dessus. Le portail est grand ouvert, et de peur je dérape. Blessure du jour bonjour, un beau genou couronné comme lorsque j’avais 5 ans. Poum poum poum… Le berger allemand reste finalement à sa place, et moi je passe un coup de fil à Huguette & Iréné qui malgré mes explications plus que vagues me retrouvent à peine dix minutes plus tard. Direction la maison, non sans un dernier petit tour du coin en voiture pour me montrer les autres sentiers de randos, « pour une prochaine fois » 😉 Mes sauveurs !
Je termine la journée en mode cocooning, à éplucher des brèdes citrouille avec Huguette (les brèdes sont les petites feuilles des légumes, que l’on mange ici sautées avec de l’ail, de l’oignon et du gingembre) et à visiter le poulailler… Ils me déposent ensuite à l’arrêt de bus. Je suis la seule à redescendre sur St Louis et je papote avec le chauffeur, avant de m’installer sur un banc de la gare routière en attendant SuperColoc. Le week-end est fini mais pas les vadrouilles, j’ai pu poser 3 jours supplémentaires et nous partons entre filles nous mettre au vert à Cilaos 🙂
Infos pratiques :
- Pour aller à l’Entre-Deux depuis St Denis sans voiture : prendre le bus O1 ou O2 jusqu’à St Louis, puis le bus S5 jusqu’à l’Entre-Deux (7 bus/jour en semaine, 3 bus/jour le dimanche). Bien préciser au chauffeur du premier bus que vous allez à l’Entre-Deux pour que la correspondance avec le même billet soit valide !
- Pour monter au Dimitile depuis l’Entre-Deux, il y a quatre sentiers principaux : le sentier Bayonne (réputé le plus difficile) qui part de l’Entre-Deux, le Zébre, la Grande Jument et enfin la Chapelle (le plus facile, mais le point de départ est à 20 bonnes minutes de voiture de l’Entre-Deux, et le sentier est moins sympa). Je suis montée par la Grande Jument et descendue par le Zèbre, l’ensemble m’a pris 9 heures pour environ 18km et 1600m de dénivelé positif : 3H30 de montée, 2H de pause/pique-nique/panorama au sommet et 3H30 de descente.
Magnifique randonnée, en voyant la carte à la fin, on comprend mieux la topographie!
Respect face à ta motivation, il en faut pour y aller seule…. Quant à tes photos, elles sont magnifiques, comme toujours!
Bizzzz et bon weekend!
Oui, cette carte m’a été bien utile, au début j’avais du mal à comprendre juste avec le guide… Quant aux randos/escapades en solo, j’aime bien de temps en temps, je trouve que cela permet de se reposer et de vraiment prendre du temps pour soi, sans contrainte extérieure. Merci pour ton petit mot ici et bon dimanche à toi !
Pfffffiou hé ben dis donc, bravo ! Pourtant, cette excursion avait mal commencé ! Trop mignons Iréné et Huguette, c’est rassurant de pouvoir compter sur des personnes généreuses quand on est seule.
Lol oui, y’a des jours comme ça… Mais la gentillesse d’Iréné et Huguette a bien vite effacé ces quelques mésaventures, et j’espère avoir l’occasion de retourner chez eux pour un p’tit week-end “comme à la maison” ! Gros bisous ma belle 🙂
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