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Les rendez-vous aux jardins, qui se déroulent tous les ans sous le patronage du Ministère de la Culture, est l’occasion à Paris de découvrir des jardins habituellement fermés au public. Il y a quelques années nous avions ainsi découvert un jardin de monastère en plein cœur de Paris, une visite qui m’a laissé un excellent souvenir. Le programme cette année encore était très alléchant, entre potager suspendu et jardins secrets. Il a tout de même fallu choisir, et nous nous sommes concentrés sur deux visites : le jardin du musée Pierre et Marie Curie le samedi, et les jardins de Matignon le dimanche.

Le musée Pierre et Marie Curie est situé au cœur du 5è arrondissement, à deux pas du Panthéon et du Luxembourg. Nous réalisons en arrivant que ce musée et son jardin sont en fait ouverts en permanence, et pas seulement à l’occasion de la fête des jardins. L’entrée est gratuite. A fond dans notre idée, nous nous dirigeons immédiatement vers le jardin… et je dois avouer que nous sommes assez déçus de prime abord. Au lieu du grand jardin un peu bohême que nous avions imaginé nous découvrons un espace pavé assez sombre et exigu, impression renforcée par les grands panneaux de l’expo temporaire qui y est actuellement installée. L’exposition est consacrée à la perception par des artistes d’images scientifiques, et ne nous fait pas une impression folle non plus… Bref, nous ne sommes pas convaincus !

Le jardin avec l’expo temporaire

Nous décidons tout de même de jeter un coup d’œil au musée, et nous faisons bien… Il se révèle pour le coup absolument passionnant. Le musée est situé dans les locaux de l’ancien laboratoire du couple Curie et le laboratoire de Marie Curie ainsi que son bureau sont reconstitués. Les objets exposés sont bien mis en valeur, les panneaux explicatifs sont très clairs et agréables à lire. Un panneau interactif retrace chronologiquement la vie – passionnante – de Pierre et Marie Curie et de leurs enfants. Je ne me souvenais plus que la famille avait TROIS prix Nobel à son actif : physique en 1903 pour le couple Curie (partagé avec Henri Becquerel), puis chimie en 1911 pour Marie (ce qui en fait la seule personne à avoir été récompensée dans 2 domaines scientifiques distincts), puis de nouveau chimie en 1935 pour leur fille Irène et son époux Frédéric Joliot. Tout cela me donne envie de lire une biographie de Marie Curie, pour mieux connaître cette scientifique et cette femme fascinante…

Affiche publicitaire pour une crème au radium (!!)

Le laboratoire de Marie Curie…

… et son bureau

L’une des premières affiches de santé publique pour le dépistage et le traitement du cancer

Nous nous installons pour pique-niquer dans le jardin du musée, dans un petit coin avec un banc et quelques rosiers. Nous déjeunons au soleil en observant les moineaux voleter, et notre mauvaise impression du matin s’estompe peu à peu… Il n’est pas si mal que ça ce jardin finalement, et l’assocation musée + jardin mérite sans aucun doute une visite.

Le dimanche je pars en solo visiter les jardins de l’hôtel de Matignon. Pour le coup il s’agit vraiment d’une ouverture exceptionnelle, puisque ceux-ci ne sont ouverts au public que deux fois par an : pour les rendez-vous aux jardins en juin et pour les journées du patrimoine en septembre.

Avec ses trois hectares, le jardin de Matignon est le plus grand parc privé de Paris – le parc de l’Elysée est plus petit d’un tiers environ.  Un circuit fléché est aménagé dans les allées du parc, permettant d’en voir les endroits intéressant tout en restant très encadrés par la sécurité. Le plus impressionnant je crois est la magnifique pelouse qui s’étend devant le bâtiment. Tondue tous les deux jours, elle est d’un vert éclatant et semble moelleuse à souhait… Cela me donnerait bien envie d’y marcher pied nus, mais n’ayant pas envie de me faire expulser illico je me retiens 😉

La tradition veut que chaque Premier Ministre plante un arbre dans le parc lors de son passage à Matignon. Les 14 arbres plantés sont clairement identifiés et je passe donc successivement devant l’orme de Lionel Jospin, le Ginkgo Billoba d’Edith Cresson, l’érable à sucre de Raymond Barre, le magnolia de Jean-Marc Ayrault…  Le copalme d’Amérique planté en 1988 par Michel Rocard est loins d’être en forme et devrait être remplacé incessamment sous peu. Six jardiniers s’occupent du lieu ; le chef est présent et très sympa, et il nous donne plein d’infos sur le jardin et leur manière de travailler. Je goûte également au « miel de Matignon », la production privée (44kg/an) produite par les quelques ruches installées dans le parc.

Ginkgo Billoba d’Edith Cresson

Détail du hêtre pourpre, dont les feuilles rougissent au soleil

La perspective de la double allée de tilleuls (XVIIIè siècle)

Sur la fin de la visite, un petit stand est installé afin de signer le livre d’or. La dame qui s’en occupe a décoré la table de fleurs et de pétales de seringa cueilli un peu tôt dans le jardin, et je m’extasie sur leur odeur… Je ne pensais pas que du coup elle sortirait de derrière les fagots une petite branche rien que pour moi ! Même si j’ai la conscience tranquille je dois dire que j’appréhende tout de même un peu le passage devant les policiers à la sortie du jardin… Autant vous dire que la cueillette n’est pas franchement autorisée. Heureusement ils ne me disent rien et je peux ramener ma petite branche à la maison sans encombre. Ce n’est pas tous les jours que l’on a du seringa de Matignon dans son salon 😉 (bon, par contre il y avait aussi une colonie de pucerons… !)