« J’aime les volcans parce qu’ils nous dépassent, qu’ils sont indifférents à la vanité des choses humaines » – Maurice Kraft.
En ce mardi c’en est fini du repos ! Je me réveille à 5 heures et après un rapide petit-déjeuner je retrouve Gilles, guide de montagne, devant l’hôtel. Aujourd’hui est un grand jour, nous allons tenter l’ascension du Piton de la Fournaise ! Je dis bien tenter, car si l’ascension en elle-même n’est pas d’une difficulté majeure, les conditions météo risquent de compliquer un peu les choses… En effet, de l’orage et de la pluie sont prévus à partir d’aujourd’hui. Pour le moment on y va, et on verra ! Une autre cliente de l’hôtel est également de la partie, et nous filons tous les trois en direction du volcan. Nous passons tout le trajet à papoter, Gilles est très sympa et connaît la Réunion comme sa poche depuis 25 ans qu’il y habite… Deux soeurs également inscrites nous rejoignent un peu plus loin, et nous voilà au complet. Nous nous arrêtons en chemin pour admirer la vue sur le piton des Neiges, le plus haut sommet de la Réunion. Un peu plus tard Gilles nous demande de fermer les yeux… quelques secondes plus tard il nous autorise à les rouvrir, et quel spectacle ! Nous sommes face à la plaine des sables, qui s’étale devant le Piton. La vue est spectaculaire, et le paysage lunaire !
Les derniers kilomètres se font sur une piste en terre battue, au cœur de la plaine des sables. Le paysage est devenu désertique, quel changement par rapport à la végétation luxuriante à laquelle je suis habituée depuis mon arrivée à la Réunion… Nous atteignons rapidement le pas de Bellecombe, point de vue sur le Piton accessible en voiture et point de départ de la rando. La visibilité est excellente et nous voyons au loin l’océan scintiller sous le soleil. On se tartine de crème solaire, et c’est parti !
La rando commence par la descente dans l’enclos Fouqué, c’est-à-dire par un escalier géant qui nous conduit à la base du volcan. Oui, oui, on descend pour remonter…. ! C’est cet enclos qui est fermé en cas d’éruption. La dernière éruption date d’une quinzaine de jours, et tous les chemins de randonnée ne sont pas encore rouverts. Sur les flancs du volcan face à nous nous apercevons les traces d’anciennes coulées de lave, plus sombres. L’île de la Réunion doit son existence au volcanisme, et nous nous en rendons bien compte ici puisque nous marchons uniquement sur de la lave… La plus confortable aux pieds est la lave cordée car elle est relativement lisse, contrairement à la lave en gratons qui roule sous les pieds en milliers de petites pierres. Nous atteignons rapidement le Formica Léo, un mini-cratère, et arrivons un peu plus d’une heure après notre départ à la chapelle de Rosemont, une étonnante formation rocheuse. Notre petit groupe est de niveau variable avec notamment deux personnes qui ont peu l’habitude de randonner, mais elles ont un moral d’acier et l’ambiance est très bonne !
Après une petite pause nous reprenons notre ascension vers le cratère… Malheureusement, plus nous montons et plus ça se couvre ! Le brouillard commence à nous envelopper, et Gilles qui était initialement très optimiste commence à dire que nous n’allons rien voir… Enfin, nous gardons espoir et continuons à grimper ! En chemin nous tombons sur une jeune femme en pleine crise d’angoisse ; partie pour faire l’ascension avec quatre amis dont son petit ami, elle s’est retrouvée plantée là par le reste du groupe qui trouvait qu’elle ne montait pas assez vite… Résultat, avec le brouillard qui tombe, elle panique et nous passons un bon moment avec elle avant de la prendre avec nous dans le groupe… Son copain finit par redescendre après avoir vu le cratère, et ils font demi-tour ensemble. Bon, j’espère qu’elle ne tenait pas à voir le cratère… C’était assez bizarre, et l’une de mes co-randonneuses résume bien notre sentiment « à sa place, je changerais de copain ! »
Mon choix de passer par un guide pour faire l’ascension du Piton n’était pas complètement volontaire, en ce sens que si j’avais pu faire autrement je serais montée sans… Mais là, en solo et basée à deux heures de route du volcan, cela m’a semblé être la meilleure option. Bien m’en a pris, car l’avantage de faire cette randonnée avec un guide c’est qu’il nous explique plein de choses… et qu’il nous emmène « hors sentiers » ! Nous quittons en effet à un moment le sentier de randonnée officiel, et prenons un raccourci vers le sommet. Nous sommes vernis car cela se lève pile à ce moment-là et le cratère Dolomieu se dévoile soudain sous nos yeux stupéfaits… C’est qu’il est impressionnant le bougre ! Formé en 1791, il s’est brutalement effondré sur lui-même lors de l’éruption de 2007, ce qui a eu pour effet de la creuser de manière considérable. Aujourd’hui, avec ses 350m de profondeur, on pourrait y loger la tour Eiffel… Tout au fond on aperçoit des fumerolles, le Piton est toujours bien vivant ! Nous sommes tous seuls au bord du cratère – c’est l’avantage du hors sentier ! – et nous profitons de cet instant magique… tout en restant vigilants, Gilles nous ayant montré au sol une crevasse à ne pas dépasser.
Nous restons un bon moment au sommet du Piton, et afin de prolonger l’instant nous pique-niquons au bord du cratère avant de poursuivre notre exploration hors sentier, direction la coulée 2005. En chemin nous traversons des zones où la lave a des couleurs fabuleuses, bleu, doré, rouge… Cela est dû à l’action des éléments extérieurs, notamment le soleil, sur la lave en train de refroidir. Nous voyons également quelques roches pintades avec de nombreuses inclusions d’olivines, pierres semi-précieuses venant du fond de la chambre magmatique.

Roche pintade avec inclusion d’olivines (vue au musée, celles que nous avons vues durant la rando étaient nettement moins belles !)
Lorsque nous arrivons sur la coulée 2005 je suis scotchée… J’ai le sentiment d’être au cœur d’un paysage apocalyptique. Nous voyons nettement la trace du flot de lave, plus sombre sur la lave ancienne plus claire. Cela me fait penser à une coulée de boue géante qui aurait tout englouti sur son passage. La lave crisse et se délite sous nos pas, cela fait un drôle d’effet…
Nous rejoignons ensuite le sentier classique et redescendons tranquillement en suivant le même trajet qu’à l’aller. Je papote pas mal avec une autre marcheuse, qui a fait l’été une randonné qui me tente depuis un moment : 10 jours de marche au Maroc autour du Toubkal. Elle a adoré, et cela me motive à essayer de concrétiser cela ! Nous arrivons rapidement au Formica Léo, puis à la dernière épreuve du jour, j’ai nommé la remontée des marches de l’enclos, sous la pluie qui plus est ! Hé oui, le beau temps n’a tenu que le temps de notre découverte du cratère… C’était l’essentiel ceci dit 😉
Petit changement hôtelier ce soir, Gilles me dépose à Bourg-Murat – la ville porte d’accès au volcan – où nous allons dormir cette nuit dans l’idée de remonter demain matin au point de vue du pas de Bellecombe, afin que ma mère et ma sœur qui ne voulaient pas faire la rando puissent tout de même voir le point de vue sur le volcan. Je suis la première à arriver et je profite du sauna et du hammam de l’hôtel en les attendant, après une grosse rando c’est le top ! Nous dînons ensuite toutes les trois au QG, un resto sénégalo-réunionnais que je vous recommande plus que vivement si vous passez par là… Accueil adorable, plats archi-copieux et cadre sympa comme tout, que demander de plus ?!
La pluie et l’orage se déchaînent durant la nuit, et il bruine encore un peu lorsque nous nous levons… Ma mère et ma sœur décident de tenter de monter tout de même jusqu’au pas de Bellecombe, de mon côté au vu de la météo je renonce et file à la Maison du Volcan. Ce musée créé par Katia et Maurice Kraft est une mine d’information sur le Piton de la Fournaise et le volcanisme en général. La muséographie est top, et j’apprends plein de choses. Il y a même un cinéma 4D avec plongée au cœur du Piton, on s’y croirait ! Ma mère et ma sœur me rejoignent une heure plus tard, il pleuvait tellement sur les hauteurs qu’elles ont dû faire demi-tour avant d’arriver à destination… Les pauvres ! Du coup nous terminons la visite du musée ensemble…
Nous reprenons la route en début d’après-midi afin de rentrer à l’Ermitage. La route est belle, entre océan et ravines profondes. La météo s’améliore un moment, avant le retour de la pluie. Une tempête s’annonce d’ici quelques jours semble-t-il…
Enfin, la météo capricieuse ne nous empêche pas de passer une excellente soirée entre cocktail, délicieux buffet et spectacle de danse créole. Les danseuses sont très sympas et nous invitent à venir danser avec elles. La plupart des spectateurs jouent le jeu (il faut dire qu’en cette période de l’année nous ne sommes pas très nombreux…), et nous nous retrouvons tous sur la piste à danser sur les rythmes réunionnais, c’est chouette !
Quelle belle randonnée… je suis ahurie par l’histoire de cette pauvre fille laissée seule sur le sentier! Heureusement, ton groupe est passé par là.
Je ne fais jamais de randonnée, je devrai peut-être m’y mettre…
La randonnée, une fois qu’on y a goûté on ne peut plus s’en passer (et en plus ça rime) ! Ce que je te conseille si tu veux te lancer, c’est de commencer par une petite rando facile, sans trop de dénivelé. Je trouve que la marche donne vraiment le temps de l’observation, et les randos permettent d’avoir accès à des endroits souvent inaccessibles autrement.
[…] c’est un deuxième échec pour ma mère et ma sœur, qui il y a 2 ans avaient déjà été obligées de faire demi-tour en chemin du fait de mauvaises condit…. Ce sera pour la prochaine […]
[…] J’adore, et je suis bien contente d’être ici pour ce dernier week-end réunionnais. En plus, lorsque j’étais venue en 2015, nous étions passés hors-sentier avec le guide, ce qui fait que je ne connais pas la dernière […]