« La vie ne devrait être que cela : l’hommage rendu par l’adulte à ses rêves d’enfant » – Sylvain Tesson
Pas facile de vous raconter ces six jours et cinq nuits de marche et de bivouac au cœur du Sahara marocain. Je ne sais pas bien par où commencer, comment résumer. Ce voyage fait partie des voyages qui se vivent plus qu’ils ne se racontent, mais je vais essayer de vous partager quelques impressions. Ce voyage a été beau et dense comme un rêve vieux de quinze ans ; un voyage de sable, de pierres et de soleil, de dunes, de ciel bleu et de fossiles.
Nous étions un petit groupe, seulement cinq personnes, plus Mohamed-le-guide, Mohamed-le-chamelier, deux chameliers et cinq chameaux pour porter l’équipement. Mohamed-le-guide était un peu soupe-au-lait. Il était gentil, mais il fallait le ménager… Cela faisait trois mois qu’il enchaînait les groupes sans avoir pu rentrer dans son village, et je crois que cela commençait à lui peser. J’ai beaucoup aimé Mohamed-le-cuisinier, un homme discret mais intelligent et sensible. Nous avons passé une partie de soirée tous les deux au sommet d’une dune, juste après le coucher du soleil, à chercher (et trouver !) des fossiles, un joli souvenir ! Il réussissait à nous concocter des plats délicieux alors que nous étions au cœur du désert. Quant aux chameliers, l’un d’entre eux était gentil, mais l’autre a fini par se montrer un peu collant avec moi, j’ai dû le recadrer l’avant-dernier jour.
J’étais la plus jeune du groupe, mais ce n’est pas quelque chose qui me dérange. L’âge n’est plus un critère pour moi, depuis quelques années j’ai réalisé que je m’entends aussi bien avec des personnes de 20 ans que de 70 ans alors… Le groupe était sympa, malgré un participant qui 1) pensait savoir tout (mais vraiment tout) sur tout 2) ne voulait jamais suivre le guide (ce qui est embêtant dans un voyage organisé, vous en conviendrez, qui plus est dans le désert…) Enfin, cela a permis de souder le reste du groupe, et puis j’ai eu de beaux échanges avec les autres.
Nous partions vers 8H30 le matin, marchions environ quatre heures avant de nous poser au campement suivant, qui avait déjà été installé par les chameliers. Nous déjeunions là, sous un arbre ou sous la tente des repas, et puis nous laissions passer les heures les plus chaudes en lisant, discutant, dormant… Nous devions aussi monter nos tentes personnelles. Vers 17H nous repartions pour deux heures de marche autour du campement, avant de dîner avec Mohamed-le-guide, qui nous racontait le Maroc d’hier et d’aujourd’hui. Nous regagnions ensuite nos tentes pour la nuit. La participante avec laquelle j’aurais dû partager ma tente avait pris le supplément « tente seule », donc j’ai automatiquement eu une tente solo également… Cela ne m’aurait pas dérangé de partager, mais au final j’ai bien apprécié cette solitude le soir. C’était juste un peu fastidieux de devoir monter et démonter ma tente seule.
Durant ces six journées, j’ai aimé marcher entre désert de sable et désert de pierre, parfois traversés par le lit d’une rivière à sec, avec souvent un horizon vide à perte de vue. J’ai aimé pouvoir parfois être seule, dans le silence, et parfois discuter avec les autres personnes du groupe. J’ai aimé trouver la fraîcheur de l’ombre d’un arbre après des heures de marche en plein soleil, et sentir l’eau couler au fond de ma gorge. J’ai aimé découvrir que le désert n’était pas si désert qu’il y paraissait, apercevoir oiseaux, petits lézards et scarabées à grandes pattes. Je me suis demandé si nos chameaux étaient bien traités, j’ai eu l’impression que oui…
J’ai aimé ne croiser presque personne d’autre que nous durant ces six jours, et me dire que pour le moment cette partie du désert était encore préservée du tourisme de masse… mais pour combien de temps ? J’ai aimé la beauté des dunes, leurs crêtes effilées comme une lame de rasoir et les petites vagues créées par le vent sur leurs flancs. J’ai aimé lever les yeux vers le ciel le soir et regarder les étoiles dans le silence de la nuit d’encre.
Et puis, surtout, j’ai aimé vivre ce rêve, et le transformer en réalité et en souvenirs…
Ton article est magnifique, tu nous racontes une belle histoire et tes photos sont sublimes, j’ai adoré! Merci de partager d’aussi beaux moments! ! Bizzzzz
Oooh merci beaucoup pour ce gentil message ! Je suis contente d’avoir fait passer un peu de la beauté de ce voyage dans cet article. Grosses bises 🙂
Très beau, ça fait rêver;… quelques jours hors du temps dans un lieu magique !
C’était exactement ça 🙂 Un voyage à ajouter à ta liste ! Gros bisous
Là, tu me touches au plus haut point car cela me rappelle notre semaine dans le désert du Hoggar en Algérie qui nous avait complètement emballés. Je retrouve tout (sauf que nous c’était en 4×4, nous n’étions aussi que 8 et nous dormions à la belle étoile !)… nos guides/cuisiniers/chauffeurs étaient aussi absolument géniaux, on mangeait comme des rois et nous avions droit à la cérémonie du thé 2 ou 3 fois par jour. Nous en avons ramené un beau film d’ailleurs. Je pense que pour l’instant, il n’est pas possible d’y aller, dommage car j’ai l’impression que les paysages étaient encore plus à couper le souffle !
Profite bien, remarque, je crois que ce n’est pas la peine de te le dire !!!
Bisous
Oui je me souviens que tu m’avais dit que ce voyage vous avait beaucoup marqués… Il faudra que vous nous montriez votre film !
Nous avons demandé à notre guide quel était le plus beau désert de la région, et il a répondu le désert algérien… J’espère que la situation s’apaisera suffisamment pour qu’il soit possible d’y voyager de nouveau un jour.
Grosses bises !
[…] d’Ushuaia à Puerto Williams. Fin mars j’ai réalisé un rêve très ancien en partant randonner dans le Sahara marocain, et un mois plus tard c’est avec mon amie Coralie que j’ai découvert un petit bout du […]
Magnifique voyage et tu nous plonges si bien dans l’ambiance avec les photos! En ce qui concerne le tourisme de masse, notre ami Covid a donné au moins quelques mois de bonus à ce merveilleux désert 🙂
Merci ! C’est un voyage qui s’est montré à la hauteur de mes espérances… Tant mieux, j’avais quand même attendu 16 ans entre l’idée et la concrétisation 😉 Et le ralentissement du tourisme de masse est effectivement l’un des effets positifs du Covid… Ce virus aura été terrible humainement parlant, mais il aura aussi donné du répit à notre planète quelque part.