L’un de mes rituels préférés sur cette croisière, c’est l’ouverture du store de notre cabine le matin. A chaque fois je me demande ce que je vais découvrir à travers le hublot… De l’océan à perte de vue, des montagnes enneigées, une baleine ?? (l’espoir fait vivre :-D) Ce matin, quelques nuages parsèment un ciel sinon plus bleu que bleu et le soleil brille, éclairant les pentes immaculées des montagnes devant nous et des glaciers. C’est magnifique… On dirait l’une de ces belles journées de montagne, si ce n’est que là nous sommes… En Antarctique ! Nous sommes déjà au mouillage à Half moon island, une île en forme de croissant de lune.
Nous sommes le dernier groupe à débarquer ce matin, alors nous ne nous pressons pas… C’est l’avantage ! Nous prenons le temps de savourer notre petit-déjeuner face à la vue pendant que les premiers groupes commencent à descendre à terre. Nous profitons ensuite du panorama et du soleil sur le pont.
Un peu avant 10H30, notre tour arrive. Après une courte traversée en zodiac nous arrivons à terre ; nous sommes accueillis par des otaries à fourrure et des manchots à jugulaire (les chinstraps). Comme souvent lors des débarquements il y a plusieurs choses à voir ; nous commençons par un petit point de vue sur l’île Livingstone, juste en face. C’est Rob, le géologue de 80 ans, qui est en poste là. On papote un moment avec lui. On se faisait justement hier la réflexion qu’il était un peu « mal-aimé » sur cette croisière, ses interventions sont moins populaires que d’autres, et pourtant il est très sympa. C’est sûrement que la géologie est moins attirante spontanément que les mammifères marins… Il nous prend en photo devant la vue, nous coupe complètement le bas du corps, et le justifie en disant « vos parents, ce sont vos têtes qu’ils veulent voir, pas vos pieds » 😀
Nous poursuivons ensuite notre balade le long de l’île, en direction de la colonie de manchots à jugulaire. En chemin nous en croisons déjà pas mal, ainsi que des otaries à fourrure. Sur le sol, quelques cadavres frais de manchots rappellent que la vie ici reste précaire… Le léopard des mers est l’un des gros prédateurs pour les manchots. Ces manchots chinstrap nous font complètement craquer. Ils vaquent à leurs occupations, se chauffent le dos au soleil, n’hésitent pas à enguirlander vertement un voisin qui empièterait un peu sur leur territoire… Avec leur petite bande blanche au niveau du cou, ils sont très élégants. Nous voyons également quelques *** (leur nom m’échappe, il faut que je le recherche !), des oiseaux blancs qui traînent dans les parages en essayant de voler la régurgitation que les parents manchots produisent pour leurs petits.
Nous restons un bon moment à la colonie, à observer les manchots et à discuter avec l’équipe d’expédition, notamment Monica, Lucy (la spécialiste en mammifères marins) et Hannes (le traducteur allemand). Sur la fin, deux officiers mécaniciens du bord nous rejoignent, c’est chouette qu’ils puissent un peu débarquer également !
Lorsque nous repartons, je reste un bon moment sur le pont, à regarder le paysage. Des paillettes de lumière parsèment la surface tranquille de l’eau. Tout est paisible, calme, les couleurs sont d’une intensité rare. Je suis en Antarctique, et je touche du doigt la beauté du monde…
Nous déjeunons en vitesse (le pont ! je veux retourner sur le pont !) ; comme il fait très beau, la petite terrasse à l’arrière du restaurant a été ouverte et nous nous y installons un moment, le temps de prendre le thé/café et de profiter de la vue et du soleil. Nous sommes seuls, pour un peu on pourrait se croire sur notre terrasse de suite privée ^^ Après le déjeuner Tom nous fait le briefing camping. Ce sera demain soir a priori.
Nous continuons de naviguer jusqu’à Deception island, notre stop de l’après-midi. En chemin nous apercevons (de très loin) un groupe de neuf orques en train de chasser. Lucie est surexcitée, et moi aussi… Je n’en avais jamais vu. J’espère que nous en reverrons d’un peu plus près !
Deception island est une île particulière, volcanique. La dernière éruption remonte aux années 1970. Elle possède en son centre une grande caldeira. Pour y accéder, il faut naviguer entre Neptune’s Bellows, un passage assez étroit entre deux pans de falaise. Avec la météo que l’on a aujourd’hui c’est large, mais par mauvais temps cela doit être sportif ! Une station baleinière était installée ici, on en aperçoit encore quelques vestiges. Au loin la plage fume, témoignage de la persistance d’une activité volcanique sous-jacente. Il y aurait encore quelques geysers et courants chauds sous-marins. Enfin, courants chauds, c’est un bien grand mot… apparemment ils font gagner 1°C à la température de l’eau. On reste loin de la température du jacuzzi ^^
Au mouillage dans la baie, un navire de guerre chilien est rempli de militaires qui nous font de grands signes lorsque nous arrivons. Je crois que nous leur faisons une petite distraction ^^

Panorama sur Deception island. L’encoche à droite c’est la “fenêtre”, le prmeier point de vue oùnous irons.
Une fois à terre, nous commençons par marcher jusqu’au point de vue de « la fenêtre ». Nous longeons la plage puis grimpons en haut d’une petite colline. De là-haut on a une jolie vue d’un côté sur la plage et la caldeira, de l’autre sur une baie et une petite plage habitée par des otaries. Il fait si clair aujourd’hui que l’on distingue au loin la péninsule antarctique !
Nous repartons ensuite de l’autre côté de la plage. Nous longeons les vestiges des installations baleinières avant d’attaquer une grosse montée vers un autre point de vue. On se dépêche, le site est immense et nous ne sommes pas en avance ! En chemin nous croisons Tessa, la chef d’expédition, qui nous rassure et nous dit de prendre notre temps… Si on a la bénédiction de la chef pour être en retard, alors ça va 😉
Ça grimpe dur mais une fois en haut la vue est spectaculaire, encore plus belle qu’au premier point de vue. C’est Sam qui est en poste là-haut, on profite du panorama et de la belle lumière de fin d’après-midi avec lui. Histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes, nous sommes les derniers à redescendre. L’historien a déjà quitté les constructions baleinières, dommage !
Je me hâte et prends un peu d’avance sur Benoît car il me reste une dernière chose à faire ici… un bain polaire ! C’est la tradition sur ces croisières antarctiques, au cours du voyage un lieu de baignade est proposé… pour nous c’est ici que ça se passe. J’ai beaucoup hésité depuis hier soir – ma tête disait ouiiii alors que mon corps hurlait noooon 😀 – mais depuis notre arrivée à Deception island mes hésitations ont disparu : je vais le faire ! En plus, avec ce beau soleil et l’effort physique de nos grimpettes, j’aurais presque un peu chaud ^^
Contrairement à ce que je pensais, je rentre dans l’eau très facilement. Je suis galvanisée par le moment et par les encouragements des passagers du zodiac qui s’apprête à repartir ! Par contre, une fois dans l’eau je me rends bien compte qu’elle est glacée (3°C)… Ça serre la poitrine et ça pique la peau ! De retour au bateau je serai d’ailleurs obligée de me doucher à l’eau froide tellement ça me brûle sinon. Benoît quant à lui passe son tour… Mais il s’occupe des photos 😉
Nous naviguons un peu dans la caldeira ; dès que ma douche est terminée et que je suis un peu réchauffée nous nous installons pour contempler le coucher de soleil depuis le pont… Que c’est beau, que c’est beau.
Lorsque nous arrivons au buffet, je suis accueillie par mes fans ! Les gens qui étaient sur le zodiac lors de ma baignade sont assis une table derrière nous. L’un d’entre eux, un monsieur qui joue au bridge et avec qui nous avions déjà un peu discuté (et qui me semble un chouïa hypomane aussi…) me proclame « most elegant lady in Antarctica ». Ce n’est pas donné à tout le monde ça 😀
A 22H je suis kaput ; je file me coucher pendant que Benoît va au talk-show du soir puis finit la soirée avec Sam, Björn et Sarah (une traductrice) entre parties de cartes et tours de magie. Demain le programme promet d’être fou encore… En tout cas cette journée fut l’une de mes préférées !
Ben il suffisait de me demander 😉 il s’agit d’une “Snowy Sheathbill”, et nous disuctons avec Bob (pas Rob)
Heureusement que tu es là ! Merciiii 😉
un bain à 3°C !!! respect !
Oui sur le papier ça fait peur, mais en fait ce n’étais pas si terrible… Tu l’aurais fait toi aussi j’en suis sûre !