Nous dormons nettement mieux dans notre nouvelle chambre, et le lendemain matin je me sens parfaitement d’attaque pour aller découvrir les merveilles archéologiques de Delphes. Le billet est un combiné musée/site archéologique, permettant une entrée dans chaque site. Je commence par aller au musée, qui est aussi grand que ce que Benoît m’avait dit. Les salles retracent l’histoire du site de Delphes de manière chronologique, en exposant les différents objets retrouvés à chaque période. C’est très intéressant, et plusieurs vitrines sont en lien avec le sanctuaire d’Athéna que nous avons visité hier soir. Je J’ai un coup de cœur absolu pour l’aurige, dans la dernière salle, absolument superbe et très émouvant. A côté des vestiges antiques est également exposée toute une série de photographies sur la Delphes des années 50, par Robert A. McCabe.

Paire de kouroi similaires en marbre, représentant probablement deux héros de la mythologie argienne (VIè siècle avant JC)

Appliques de bronze fondu qui étaient sur les ustensiles ou des meubles (VIè siècle avant JC). Ici on voit Héraklès transportant le sanglier d’Erymanthe sur ses épaules, et le roi d’Argos, Erysthée, effrayé, qui se cache dans une jarre.
Je rejoins ensuite Benoît et MiniChou à la chambre pour une pause pique-nique improvisée, puis je repars en vadrouille… J’ai en effet repéré un chemin de randonnée (le E4) montant un peu dans les hauteurs de Delphes, et j’ai bien envie d’aller le voir de plus près. Il est effectivement très chouette, serpentant dans la montagne, entre herbes sèches et points de vue incroyables sur les environs. Il n’est pas très bien tracé par contre. A un moment j’aperçois un genre de stade antique avec des gens, j’essaie de le rejoindre en coupant (spoiler alert : au final c’est moi qui me coupe les jambes avec les herbes !) mais c’est fermé… Je comprends que cela fait en fait partie du site archéologique de Delphes. Je redescends ensuite tranquillement vers le centre-ville ; je fais un saut au Centre Culturel Européen où se trouve la suite de l’expo photo de Robert A. McCabe (cette fois sur la Grèce de l’après-guerre) mais il est fermé, dommage. En chemin je passe devant ce qui est vraisemblablement l’hôtel chic de Delphes avec une piscine très tentante ! Je passe au petit café d’hier acheter des pâtisseries. Je les ramène à la chambre, où nous nous offrons un petit goûter en amoureux pendant que MiniChou termine sa sieste. On se régale !
Et puis, last but not least, je me mets en route pour aller explorer le site antique. Il est 17H30 et les couleurs sont chaudes comme je l’espérais. Ce lieu me faisait rêver depuis mes cours de grec au collège, pour vous dire que ça remonte ! Le site est globalement abîmé, peu de bâtiments tiennent encore debout, mais je le trouve très émouvant avec tous ses vestiges de temples, d’échoppes, son théâtre, son stade… Je découvre émerveillée le temple d’Apollon (en tout cas ce qu’il en reste !), où officiait la Pythie. Cette femme recevait les oracles du dieu Apollon, qui était surnommé Loxias (l’oblique) du fait de l’ambiguïté de ses oracles. Les oracles ainsi reçus étaient ensuite interprétés par des prêtres. Le site était un véritable lieu de vie, et on comprend aussi que le culte religieux était un véritable business entre les boutiques où acheter des offrandes, les villes qui offraient des « trésors » dans de petits temples, pour avoir accès plus vite à la Pythie en cas de besoin… En tout cas, ce site antique est magnifique, et c’est avec beaucoup d’émotion que je le découvre. Il y avait une jolie citation au musée ce matin qui fait bien écho à mon ressenti, je vous la mets ci-dessous !
« Up there in Delphi, after you pass the village and reach the temple, you have the feeling that you have entered a place separate from the rest of the world. It is an amphitheatre nestling on the first steps of Parnassus. From the East and the North it is closed by the Phaedriades: Hyambeia, which descends like the prow of a big ship and cuts the ravine; the northern Rodini, which almost touches the Stadium. From the western side, the rocky wall of Saint Elias and further down the mountains of Locrida, Giona, where you see the sun set. If you turn your eyes to the South, you have in front of you the robust lines of Cirphis and at its foot the ravine of Pleistos. Pleistos is dry in the summer; you see its dry bed shine in the sun but a river of olive trees is streaming, you would say, flooding the whole plain of Amphissa, all the way down to the sea, where the seafarer sees them for the first time. Close by, the shiny stones of the ruins of Marmaria, where the three columns of Tholos jut out. I almost forgot Castalia. However, its water has a fragrance of thyme. » George Seferis, Delphi (1961)
« Là-haut à Delphes, après avoir traversé le village et atteint le temple, on a le sentiment d’être entré dans un endroit séparé du reste du monde. C’est un amphithéâtre niché sur les premières marches du Parnasse. De l’Est et du Nord elle est fermée par la Phaedriades : Hyambéia, qui descend comme la proue d’un grand navire et coupe le ravin ; le Rodini nord, qui touche presque le Stade. Du côté ouest, la paroi rocheuse de Saint-Élie et plus bas les montagnes de Locrida, Giona, où l’on voit le soleil se coucher. Si vous tournez vos yeux vers le midi, vous avez devant vous les lignes robustes de Cirphis et à ses pieds le ravin du Pleistos. Pleistos est sec en été ; on voit son lit sec briller au soleil mais une rivière d’oliviers coule, dirait-on, inondant toute la plaine d’Amphissa, jusqu’à la mer, où le marin les aperçoit pour la première fois. Tout près, les pierres brillantes des ruines de Marmaria, où font saillie les trois colonnes de Tholos. J’ai presque oublié Castalia. Son eau possède cependant un parfum de thym. » George Seferis, Delphes (1961)
Benoît et MiniChou me retrouvent sur le chemin du retour, et nous retournons dîner dans la même taverne qu’hier. C’est toujours aussi bon ! C’est déjà notre dernière soirée à Delphes et je dois dire que j’ai un gros pincement au cœur à l’idée de quitter cet endroit dont j’avais tant rêvé…
Infos pratiques pour visiter le site de Delphes :
- Le billet donne accès au musée et au site antique le même jour, avec une entrée par lieu (on ne peut pas sortir et entrer de nouveau), pour 12 euros en haute saison.
- Le musée est grand, j’y ai passé deux heures et demie en prenant mon temps. Le site archéologique est assez grand aussi, et étalé sur les flancs de la montagne donc ça grimpe ! J’y ai passé deux heures en prenant mon temps également.