Je dois rendre la chambre à midi, et j’en profite jusqu’à la dernière minute entre grasse matinée, petit déjeuner buffet, piscine puis douche « pluie ». Le bonheur ! Je laisse ensuite mes bagages à l’hôtel et je file me balader en ville. Mon bus ce soir est à minuit, alors j’ai le temps ! Aujourd’hui il fait un peu moins beau que les autres jours, le ciel est un peu couvert, ce qui ne sera pas plus mal pour mes visites… J’aurai moins chaud !
L’un des clous d’Iquique est sans conteste la calle Baquedano, une grande artère piétonne bordée de maisons des années 1900. Elles sont en pin de l’Oregon (si, si), car les bateaux qui partaient vers les Etats-Unis chargés de nitrate revenaient… avec du pin pour la construction ! Ces maisons multicolores bien restaurées sont un témoignage de l’âge d’or du salpêtre, à l’époque où les riches entrepreneurs s’étaient installés pour vivre ici. Plus je me rapproche de la place Arturo Prat, la grande place d’Iquique, et plus la calle Baquedano s’anime. Des jeunes filles vendent de l’artisananat sur de grandes nappes par terre, des marchands ambulants proposent de quoi manger, il y a de la musique…
Sur la place trône une grande horloge blanche, et plusieurs bâtiments autour valent le coup d’œil. Il y a tout d’abord le casino espagnol, édifié en 1904, ancien club privé maintenant transformé en bar/restaurant. L’intérieur est assez incroyable, dans le style mauresque, avec des arcades, des mosaïques, des fresques… Juste à côté du casino espagnol se trouve le club croate, à la jolie façade, mais à l’intérieur plus quelconque.
Toujours sur la place se trouve un autre superbe vestige de l’époque du salpêtre : l’opéra. Sa grande façade blanche borde tout un côté de la place. Dans ce théâtre se sont produits les plus grands artistes de l’époque, dont Sarah Bernhardt ! Il se visite, et comme hier à Humberstone j’y ressens une certaine nostalgie. J’imagine les spectacles qui y ont eu lieu, les gens de tenue de soirée qui s’y sont rendus… Enfin, contrairement à Humberstone cet opéra n’est pas tout à fait abandonné, des spectacles y ont lieu de temps en temps. La visite comme parfois ici est très libre ; une fois mon ticket d’entrée acheté je suis libre de circuler comme je veux dans le théâtre, et je ne m’en prive pas. Au fond de la salle les sièges d’origine sont toujours là, avec leur dossier surmonté de métal travaillé. Le fond de la scène est décoré d’ue grande toile représentant une usine de salpêtre, histoire de rester dans le thème ! Sous la scène on peut accéder à toute la machinerie en bois, elle aussi d’époque. Le plafond est peint et il y a pas mal de sculptures et de dorures, ce théâtre est vraiment de toute beauté…
Un peu plus loin, à côté de la cathédrale, se trouve l’ancienne gare. Un petit jardin la sépare du bâtiment de l’administration des chemins de fer, particulièrement beau !
Je déjeune en terrasse ur la calle Baquedano puis je profite du fait d’avoir du temps à Iquique pour visiter le musée, qui reprend l’histoire de la région depuis les momies Chinchorros (comme celles que j’ai vues à Arica) jusqu’à l’époque du salpêtre, avec pas mal de choses intéressantes. J’y apprends ainsi que la plupart des compagnies minières payaient leurs ouvriers avec des jetons, et pas avec de la véritable monnaie. Ces jetons étaient valides uniquement dans le magasin de la ville minière, qui était bien sûr très cher. Le musée est par ailleurs situé dans une belle maison de la calle Baquedano, ce qui me donne l’occasion d’en admirer l’intérieur !
Je continue mes visites des maisons de la calle Baquedano avec le Palacio Astoreca, grande maison de 37 pièces, dont certaines sont meublées comme à l’époque. Son entrée avec un double escalier monumental en acajou est surmontée d’une magnifique verrière colorée.
Il y a par ailleurs pas mal de graffitis et de street art à Iquique, et j’en découvre quelques uns assez sympas !

A Iquique c’est aussi le grand retour de l’Inca Kola, cette boisson jaune infâme que nous avions découverte en 2012 au Pérou…
Je termine la journée avec un tour de bateau dans le port, jusqu’à la bouée marquant le lieu de naufrage de l’Esmeralda, un navire chilien coulé durant la bataille navale d’Iquique lors de la guerre du Pacifique. Les Chiliens en sont si fiers qu’ils en ont même construit une réplique qui se visite, mais là je m’abstiens ! Sur le retour nous passons à côté d’une petite colonie de lions de mer.
Lorsque je repose pied sur la terre ferme il est 19 heures passées. Je flâne un peu sur la place où se tient une foire –je m’y régale d’ailleurs d’un délicieux empanada thon/oignons/olives noires, un peu délice ! – et puis je profite de l’animation de cette fin de soirée, entre groupes de musiques et danseurs de rue. Je marche ensuite jusqu’à la plage, là aussi très animée. Je reste un moment à observer les courageux qui affrontent une grande tour d’escalade montée sur la plage !
Je me rentre ensuite à l’hôtel, où j’attends dans le hall que ce soit l’heure de mon bus. Je suis bien installée dans un grand fauteuil moelleux, et le temps passe vite ! Cette réservation fut vraiment une bonne idée 🙂 A l’heure dite je trouve facilement un taxi, et je rencontre par la même occasion Juan, un chauffeur fort sympathique qui me fait la conversation durant tout le trajet avant de me serrer la main en me souhaitant bon voyage 🙂
Mon bus arrive d’Arica et a au final près d’une heure de retard. Il est près de 00H45 lorsque je m’installe enfin à ma place… qui par malheur se trouve à côté des places de trois jeunes « routards » qui apparemment n’ont pas pris de douche depuis deux semaines. Lorsqu’ils se déchaussent, c’est l’horreur, à tel point que l’aide du chauffeur est obligé d’ouvrir la fenêtre dans le toit du bus… ! Le bus n’étant pas plein je finis par fuir à l’autre bout du bus, où confortablement allongée dans mon fauteuil je passe une assez bonne nuit. 6H30 de sommeil sur 9H de trajet, c’est une belle performance ! Je me réveille à 3H30 lorsque nous nous arrêtons à un contrôle de douane au milieu de nulle part. Depuis ma fenêtre je vois d’autres voyageurs descendus de leur bus, leurs sacs sur le dos, prêts à passer leurs bagages dans la machine à rayons X… « Pero es el mismo pais ! » comme dirait Benoît ! (« mais c’est le même pays ! ») Nous attendons notre tour près d’heure, et puis soudain notre chauffeur quitte la file d’attente et s’en va par un chemin de traverse. Je n’ai pas bien compris, mais je suis bien contente de ne pas avoir eu à sortir dans le froid ! Je me rendors ensuite jusqu’à ce que la chaleur et le soleil sur mon visage me réveillent : me voilà arrivée à San Pedro de Atacama !
Tiens ?! Du Inka Cola au Chili ?!
Oui, moi aussi j’ai été étonnée… Et hier j’ai même découvert la version “sans marque”, tout un programme ^^