Sentir les minutes et les heures s’égrener dans cet avion qui nous ramène au bercail de l’autre côté de l’océan. Dîner, regarder quelques films, dormir un peu, et puis déjà se préparer pour l’atterrissage. Sortir en file indienne, passer l’immigration, attendre les bagages, tenter de recréditer son pass Navigo et échouer, attraper un RER… Lutter contre le blues au fur et à mesure que les banlieues grises défilent derrière les fenêtres taguées, sourire en entr’aperçevant les rues de Paris, constater que rien n’a changé dans le quartier en dehors de deux boutiques en train de changer de propriétaire, arriver devant la porte de l’immeuble, se rendre compte qu’on a totalement oublié le code, négocier avec la commerçante voisine pour qu’elle nous ouvre, nous retrouver en train de lui parler voyages au beau milieu de la cage d’escalier, monter les escaliers, glisser la clé dans la serrure… Se dire que vraiment, on avait bien rangé avant de partir, tout déposer en vrac dans le salon avant de partir visiter notre chez-nous, le redécouvrir pièce par pièce, découvrir les petites surprises laissées par ma mère dans le frigo, nous extasier sur le confort de notre lit, c’est vrai qu’il est bien cet appart… Et puis repartir illico, repartir prendre le pouls de Paris dans nos quartiers fétiches, découvrir avec extase qu’un Grom a ouvert près du Panthéon, nous poser dans le petit Japonais qui nous avait décidément bien manqué durant ces huit mois, prendre le dessert chez Grom sans perdre le nord, et puis au lieu de rentrer se mettre à arpenter Paris… Paris la belle, Paris la lumineuse, Paris qui sera toujours notre Paris mais que, je le sais déjà, nous quitterons de nouveau un jour pour d’autres rêves et d’autres ailleurs.
