Taxi-brousse, rizières, lacs et VTT du côté d’Antsirabe (du 17 au 19 avril 2018)

Le départ de Tananarive est assez épique, puisque notre taxi pour la gare routière tombe en panne au bout de quelques minutes… Le chauffeur essaie de redémarrer comme il peut, tente un peu de roue libre en descente, et reconnaît finalement sa défaite lors d’un démarrage en côte. Il s’arrange avec un collègue pour que celui-ci nous conduise à bon port. Alors que nous approchons de la gare routière, une nuée d’hommes commence à courir auprès de la voiture, en tapant sur le carreau : ce sont des rabatteurs. Leur objectif, nous faire choisir leur taxi-brousse. C’est assez oppressant, et cela ne s’améliore pas lorsque nous descendons de voiture. Nous nous retrouvons entourés d’une bonne douzaine d’hommes, qui cherchent à attraper notre sac ou notre bras, en nous demandant où on va. C’est assez oppressant, et c’est la première fois que l’on voit cela. Nous avons l’habitude des rabatteurs en Asie, mais cela n’a jamais été à ce point… Nous demandons vaguement l’agence Cotisse (une compagnie de taxi-brousse censée être un peu mieux que les autres), on nous conduit dans un bureau archi miteux avec un Cotisse décrépi peint sur la façade, mais bien sûr… Nous exigeons quand même de voir le taxi-brousse avant d’acheter les billets, et nous nous retrouvons finalement installés dans un grand van Mercedes plutôt confortable, mais pas vraiment plein. Or le principe du taxi-brousse est le même que celui du collectivo en Amérique du Sud : il ne part qu’une fois bourré à craquer plein. Une bonne heure et demie plus tard, le chauffeur s’installe et met le contact, victoire ! Bon, en fait on se réjouit un peu trop vite, on se gare quelques mètres plus loin pour récupérer encore du fret… Enfin, à force d’attendre nous finissons par partir. Deux rangs derrière nous il y a une dame qui a vraiment l’air mal en point, elle semble enceinte et a l’air complètement halluciné. On me dit qu’elle a eu de la médecine traditionnelle, mais cela ne me rassure pas tellement…

Nous mettons environ 3H45 pour parcourir les 170 km qui séparent Tana d’Antsirabe, le long de la RN7. Cette route est emblématique de Madagascar, qu’elle traverse de Tana (au nord est) à Tuléar (au sud-ouest). Nous voyons beaucoup de rizières sur le trajet, quelques marchés où les fruits sont artistiquement empilés, des vendeurs de camions en bois sur le bas-côté….

De drôles d’arbres sur le trajet

Petite pause sur le bord de la RN7…

… à côté du riz qui sèche

Récupération des bagages sur le toit du taxi-brousse

Le chauffeur nous dépose à quelques pas de notre hôtel – c’est une bonne surprise, la gare routière officielle étant située à 3 km plus au nord. Nous posons nos valises pour deux nuits à l’Ecolodge du Voyageur, un hôtel qui m’avait beaucoup fait rêver avant notre départ avec ses promesses de bungalows répartis dans un jardin luxuriant, avec différentes ambiances : jardin majorelle tout bleu, jardin andalou, étang… En fin de compte, notre arrivée se fait un peu dans la douleur car en guise de « bungalow calme » on nous a attribué un bungalow coincé entre la réception, le restaurant et la cour de l’école primaire adjacente. Nous nous installons donc entre la musique à fond et les braillements d’enfants, voilà voilà… L’hôtel est plein ce soir, mais nous changerons de chambre le lendemain, au profit d’un bungalow plus près des fontaines et du parc. Pfiou, quelle histoire !

Dans le joli parc de l’hôtel

Une copine !

Nous ressortons assez rapidement pour faire un premier tour à pied dans Antsirabe. Antsirabe est une « ville d’eaux », et nous découvrons l’hôtel des thermes, au charme décrépito-surrané, ainsi que les thermes, malheureusement déjà fermés. Le moment où nous nous installons sur un banc du parc de l’hôtel des thermes pour manger notre « déjeuner » (il est 16 H) – conserve de lentilles – restera dans les annales…

Les cactus géants d’Antsirabe

L’hôtel des thermes…

… et sa vue imprenable sur les pousse-pousse en contrebas (moyen de transport non testé, on le trouve assez dérangeant, surtout quand le « chauffeur » est à pied et pas à vélo…)

Les thermes

Dans la rue principale nous tombons sur un loueur de vélo, et nous réservons deux VTT pour le lendemain. Nous terminons la journée par un saut au Score, où nous achetons du ravitaillement. Ce soir, c’est ramen à la chambre ! (plus de deux ans après l’épisode de Pékin, sachez que je reste interdite de lit quand j’ai un bol de ramen en main…)

Ramen night !

Le lendemain, c’est journée VTT ! La prise en main est un peu laborieuse car les vélos censés être prêts ne le sont pas du tout, mais une fois partis le kiff commence. Nous traversons Antsirabe et sa « banlieue » le long de la RN34, avec son corollaire de petits marchands de bord de route et d’instantanés de vie locale… Nous nous arrêtons un instant chez Marcel, un artisan confiseur qui réalise devant nous des bonbons tout chauds à l’arachide et au « thé olive », une plante d’ici au goût de citronnelle. Miam !

Ebullition du sucre

Choix des saveurs

Les moules à bonbons !

Notre objectif du jour est de réaliser une boucle d’une cinquantaine de kilomètres dans la campagne autour d’Antsirabe, à la découverte de deux lacs. Nous arrivons assez rapidement et facilement au premier, le lac Andraikiba. Nous en faisons le tour avec les vélos, là encore la vie bat son plein entre les femmes qui font leur lessive, les hommes avec leurs charrues à zébus… Entre deux on nous propose un peu de haschich, bonjour la réputation des étrangers ! Les enfants nous font de grands signes en criant « Bonjour vaza », c’est mignon (bon, sauf quand ils nous disent « Vaza argent »). « Vaza » signifie à la fois la couleur blanche et la richesse, et c’est le terme qui désigne les étrangers blancs.

Séchoir naturel

Au bord du lac Andraikiba

Un petit plongeon ?

L’arrivée au second lac, le lac Tritriva, est un peu plus ardue. C’est que ça grimpe ! Nous roulons désormais sur une piste en terre, parfois assez défoncée. L’un des zébus d’une charrue s’effondre devant nous, Benoît aide ses propriétaires à le remettre sur pieds, c’est que c’est lourd ces bêtes-là…

Heureusement, malgré les côtes les beaux paysages nous motivent !

J’ai porté un zébu, et je ne suis même pas fatigué

La visite du lac Tritriva se fait obligatoirement avec un guide. On râle un peu au début, et puis au final notre guide s’avère très sympa et intéressante. Elle habite dans le village au pied du lac, et fait partie de la toute nouvelle association de guides. Si le premier lac était sympa sans plus, celui-ci est spectaculaire avec sa couleur bleu turquoise et son environnement de falaises et de pins. L’endroit nous plaît beaucoup ! Nous descendons avec notre guide jusqu’au lac, avant d’en faire le tour. Nous parvenons ensuite à négocier de rester pique-niquer tous les deux face à la vue pendant qu’elle redescend à l’accueil.

Le lac Tritriva !

Avec notre guide…

… qui habite dans ce village juste à côté

La suite de la boucle est assez sportive, avec une piste qui passe de « défoncée » à « quasiment impraticable ». Nous alternons entre passages en danseuse et marche à pied. Nous sommes toutefois largement récompensés de nos efforts par les paysages que nous traversons ; ce sont les plus beaux de la journée, entre rizières, montagnes et petits villages. Les pauses photos sont fréquentes !

Superbe ! (cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Une petite maison trop mignonne

Le riz ramassé est artistiquement déposé dans les champs

La carte que nous a fourni le loueur n’est pas très précise, nous sommes contents d’avoir téléchargé la carte de Madagascar sur maps.me (une application bien utile en en voyage, soit dit en passant) car sur la fin c’est un peu complexe. Nous demandons un peu notre chemin, mais les gens ne parlent pas beaucoup français et leurs réponses ne nous semblent pas très fiables. Nous rattrapons finalement la RN34 à une quinzaine de kilomètres d’Antsirabe, après les petits chemins de terre cette route bitumée en descente nous semble d’un confort inouï ! Nous traçons plus vite que le vent (ou presque), et c’est une bonne chose car la luminosité est en train de sérieusement décliner.

Après avoir rendu les vélos et fait un rapide crochet au Score, nous nous effondrons dans notre (nouvelle) chambre. Ce soir, c’est ramen, baume du tigre et dodo !

Le lendemain, pendant que Benoît profite d’une grasse matinée bien méritée, je pars faire le tour des artisans du coin. Antsirabe est réputée pour son artisanat, et je ne voulais pas rater cela. Je vais voir les brodeuses, le peintre en batik (hyper sympa, on papote technique de peinture sur tissu), un artisan qui réalise des objets en 100% récupération et enfin un atelier de papier avec inclusions de fleurs.

Dans le quartier des artisans, à deux pas de l’hôtel

Fabrication du papier fleuri

Je retrouve Benoît pour le petit-déjeuner, et puis nous repartons ensemble voir la gare et faire un petit tour dans le centre d’Antsirabe. Même si nous repasserons par Antsirabe au retour, nous ne sommes pas sûrs de nous y arrêter de nouveau, alors comme ça au moins on aura vu tout ce qu’on voulait voir (à part les thermes que je n’ai pas pu tester, mais bon, ce sera pour une autre fois). Le propriétaire de l’Ecolodge propose de nous déposer à la gare des taxis-brousse, ce que nous acceptons avec plaisir. Allez hop, en route pour de nouvelles aventures le long de la RN7 !

La gare d’Antsirabe, malheureusement fermée. Son parvis est investi par une fête foraine.

La jolie cathédrale, avec ses tissus…

… et ses vitraux aux allures de revendications sociales 😉

Le marché

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6 réflexions sur “Taxi-brousse, rizières, lacs et VTT du côté d’Antsirabe (du 17 au 19 avril 2018)

  1. Jérémie dit :

    J’etais impatient de lire le debut de votre aventure! Aventure,c’est le mot juste non? Je décèle que vous avez tous les ingrédients du voyage mémorable. Vous aurez peut-être même besoin d’un peu de vacances apres tout ça! 🤣
    J’adore les photos, elles sonr pleines de paysages uniques. A Mada tout se mérite, mais les récompenses sont énormes. Ce n’est pas toujours facile de se rappelerr à quel point nous sommes heureux ou même chanceux. Mada, c’est LA piqûre de rappel.
    Vite la suite 🤗!

    • Ah ça oui, c’était l’Aventure avec un grand « A » ! C’est sûr que nous ne sommes pas prêts d’oublier ce voyage… et que nous sommes rentrés à la fois très dépaysés et bien fatigués 😉 Heureusement on avait quelques jours de battement à la Réunion avant la reprise (bon, ceci dit avec l’éruption du piton on ne s’est pas tant reposés que cela finalement ;-))
      Enfin, pour revenir à Mada, nous avons beaucoup aimé ce voyage, malgré certaines difficultés sur lesquelles je reviendrai dans mon article de conclusion. Il faut que j’aille relire ton blog aussi, pour avoir ton ressenti à toi 🙂 En tout cas la suite de la lecture est prévue dans les jours qui viennent !
      Grosses bises et merci pour ton message 🙂
      Aurélie

  2. Lair_co dit :

    Les photos des paysages sont incroyablement belles. On sent que ce voyage n’a pas. Été un long fleuve tranquille, et à la fois, on sent beaucoup d’enthousiasme. Hâte de lire la. Suite ! Ooh et le papier fleuri ça a l’air si chouette ! Merci de nous montrer tout ça 😊

  3. anoushapati dit :

    Je découvre le concept du taxi brousse ! Quant aux rabatteurs, je ne savais pas qu’ils avaient un nom, mais ta description me fait penser à l’Inde…
    C’est marrant la cathédrale avec les tissus !

    • Ta comparaison est très juste, nous aussi nous avons beaucoup pensé à l’Inde lors de ce voyage à Madagascar… Quant à la cathédrale, on s’est dit que c’était une super idée pour décorer à moindres frais un édifice de cette taille !

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