Quelque part entre Shanghai et Shenzhen

P1140101Voilà déjà plus de cinq heures que nous roulons ; quatorze heures nous attendent encore. Les paysages défilent derrière les fenêtres, champs, villes dont nous ignorons le nom, usines, toujours sous un manteau blanc… C’est que depuis hier, il neige.

Le temps semble subir une étrange distorsion et investit chaque petite chose de la vie quotidienne avec une intensité inhabituelle. Il y a le temps des repas, l’eau brûlante que nous allons chercher au samovar pour faire du thé que pour une fois nous ne rallongeons pas d’eau froide – à quoi bon se presser pour le boire après tout ? – le temps des jeux de cartes, la partie de pétanque improvisée sur une couchette avec l’un de nos compagnons de voyage. Il y a le temps de discuter,  le temps de rêver, le temps de penser, le temps de lire et le temps d’écrire.

Dans chaque compartiment la vie s’organise ; là une famille est blottie sur une couchette face à un dessin animé, ici deux vieillards assis sur des strapontins grignotent mécaniquement des graines de tournesol, un peu plus loin une jeune fille écoute de la musique. Les vendeurs de plats et de fruits passent en criant dans le couloir, poussant leur chariot entre les valises et les gens. C’est parfois trop bruyant, c’est sale, mais c’est vivant.

Et moi, je me surprends à espérer un peu de retard, afin de prolonger cette parenthèse dans le temps.

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16 réflexions sur “Quelque part entre Shanghai et Shenzhen

  1. Laurianne dit :

    Ca y est, j’ai rattrapé mon retard… J’avais trois articles de retard !!
    Je pensais aussi que l’armée des soldats de Xian était quelque chose d’incroyable, mais en voyant tes photos et en lisant ton commentaire, je me dis que c’est comme souvent, ce n’est pas ce dont on rêve le plus qui nous comble le plus.
    J’espère pour toi que le voyage s’est éternisé, cela a l’air d’être assez extraordinaire ! Que de choses à observer !!!
    On pense à vous depuis l’Alabama ! Bisous

    • Pfff moi c’est une dizaine d’articles de retard que j’ai sur votre blog, cela me désole ! En tout cas nous pensons souvent à vous. Jusqu’à quand êtes-vous aux USA exactement ? Continuez à bien en profiter ! Gros bisous de nous deux.

  2. Vanoise dit :

    Comme une parenthèse, ces moments où le temps n’a plus vraiment de signification, apportent un plus au milieu d’un voyage, restent longtemps dans les souvenirs par ces instants vécus sur le vif. Des moments que j’adore!

  3. Papounet encore et toujours ! dit :

    Tu écris vraiement très bien…

  4. Juju dit :

    C’est ça j’imagine qui est super dans le voyage au long cours. Voyager avec des modes de transport plus lents qui permettent de prendre conscience des distances et des paysages qu’on traverse. Le temps aussi de « digérer » ce qu’on a pu vivre et découvrir les jours précédents… L’arrivée à HK n’en sera que plus intense j’imagine.
    Continuez bien.

    • Je t’avoue qu’après avoir longtemps été une grande fan de l’avion, je me mets à vraiment apprécier les transports plus lents… Comme tu dis cela laisse le temps de prendre conscience des choses et des distances, et de digérer ce que l’on a vécu avant de démarrer une nouvelle étape. Bref, autant il y a 5 ans un trajet de 19 heures en train m’aurait horrifiée, autant maintenant je l’attends avec plaisir ! Merci pour ton petit mot ici, et à bientôt 🙂

  5. Lair_co dit :

    Les voyages en train sont depuis toujours mes voyages préférés. Des que c’est possible, hop un tour en train. En revenant de Nouvelle-Zélande, j’avais hâte de prendre le train en Paris et Lyon, je trépignais d’impatience. Parce qu’il y a une forme de légèreté, de passivité rêveuse, de douceur. C’est aussi cette espèce de résonance du temps qui défile à mesure que les paysages et les kilomètres s’enchaînent.
    Et puis il y a les autres. C’est tellement de vie, un concentré de tout. On partage un espace restreint, on subit les autres, on les regarde avec tendresse aussi, on voudrait les connaître ou les jeter par dessus bord. Peu importe, ils sont là, avec nous, pendant un trajet nous sommes identiques, dans le même wagon.

    Et du coup, j’adore les quais de gare aussi. Les sentiments, les adieux, les retrouvailles, les larmes, les rires, les embrassades, les pressés.

    Ce soir c’est Ode à la vie aha !

    Profitez bien de ces moments suspendus <3

    • Moi ce sont les aéroports que j’ai longtemps adoré – bon, c’est toujours le cas, mais maintenant j’aime aussi les gares 😉 Après comme tu dis on a parfois envie de jeter nos voisins par-dessus bord… Je me souviens notamment d’un Paris-St Malo qui avait eu 3 heures de retard, où nous étions assis près d’une petite fille qui allait visiblement chez ses grands-parents et qui n’avait pas arrêté de répéter « Ding, dong… Bonjour Papy bonjour Mamie ! » C’est mignon 5 minutes, mais six heures ça craint ^^

  6. Belle parenthèse dans le temps 🙂 Profitez-en bien!

  7. Géraldine dit :

    J’adore les longs trajets en train moi aussi, sauf qu’en France ils ont tendance à s’allonger et à me stresser… Oui, en France nous ne profitons pas assez de ce temps si précieux, et nous ne ressentons pas mieux cette liberté qu’en voyage.
    Ha ! Je partirais bien, tiens ! Rien que pour consacrer 19h à mon super livre en cours…

    • Que lis-tu ? 🙂

      • Géraldine dit :

        « The Falls » de Joyce Carol Oates 🙂 Et voilà plusieurs semaines que j’avais envie de te dire que je venais de découvrir Douglas Kennedy (je pensais qu’il s’agissait d’un « écrivain de livres de plage »…) et son livre Cinq jours, que j’ai dévoré et adoré. J’ai hâte de m’en acheter d’autres de lui, je rentre dans le clan des fans 😉

      • Ah tiens je ne connaissais pas, je garde le titre en tête pour une prochaine lecture si tu dis que c’est bien…
        Quant à Douglas Kennedy, contente que tu aies aimé 🙂 Gros bisous !

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